Mozambique, de Pemba à Ilha

21 décembre 2014

Mozambique, de Pemba à Ilha

Le Mozambique est à GMT +2 et sur la côte Nord-Est du pays, en ce mois de décembre débutant, les journées mozambicaines commencent tôt, très tôt. Le soleil se lève vers 4h30 et la vie des mozambicains – au moins des pêcheurs – s'éveille alors. En contrepartie, à 17h, la luminosité décroît.

Plus au Sud ou dans le centre du pays, ce fuseau horaire doit mieux s'accorder avec la course du soleil, mais sur la côte Nord-Est du pays, vivre avec le soleil impose d'oublier sa montre sous peine d'avoir une crise cardiaque le matin au réveil ! Mais il y a une récompense : les couleurs sont prodigieuses et le spectacle vaut le coup de se lever.

La clareté de l'air dépourvu, au moins le long de la côte, de pollution, donne la possibilité de jolies photos le soir aussi.

Ces jolies couleurs feraient presque oublier que la guerre n'est pas si loin que ça au Mozambique. A peine 12 ans qu'elle est terminée. Les éléphants en ont été des victimes collatérales.

Nous voulions profiter de notre escale à Pemba pour tenter d'aller dans le parc des Quirimbas au nord de la baie...voir des éléphants. Malheureusement Nous avons renoncé à y aller, car il n'y a plus d'éléphant et les moyens pour s'y rendre auraient supposé que Nous laissions Longtemps (et les chats) seuls au moins 48h. Refroidis par le vol du moteur de l'annexe, Nous n'avons pas été réchauffés par l'ambiance générale de Pemba qui n'incite pas à la confiance : un jeune a tenté de nous escroquer de 350 méticais (10 euros) et un autre a tenté de Nous vendre des noix de coco, les chaussures de Jean-Philippe aux pieds (il les avait récupérées dans l'annexe laissée à 5 mètres de là où Nous étions). Du coup, après avoir trouvé un nouveau moteur pour l'annexe, fait quelques courses, envoyé les évaluations au correcteur du CNED et attendu qu'un coup de vent de sud passe à l'abri dans la baie, Nous avons repris notre route vers le sud avec pour l'escale suivante : Ilha de Mozambique située à 130 milles nautiques environ.

Depuis le début de notre voyage, Longtemps a quasi constamment le vent dans le nez. Comprenez qu'il vient toujours exactement de là où Nous voulons aller. Tirer des bords au près cela peut être très sympa, mais dans la houle croisée de l'océan indien qui s'évertue à toujours faire un peu n'importe quoi, y'a des moments, ça rend les navigations un peu longues.

Nous avons donc décidé de faire des sauts de puce de 30-40 milles le long de la côte en repérant sur la carte des baies où abriter Longtemps – et surtout l'équipage – la nuit. Outre l'avantage qu'offre une nuit au calme et à l'abri, le fait de longer la côte assure des fonds moindres et une mer plus agréable et donc des périodes de navigation 100% plaisir.

Notre premier saut Nous a mené à Baia Do Lurio. Une jolie baie le long d'une très longue plage de sable blanc comme il y a partout ici. Si longue que Nous avons vu des personnes s'y déplacer en moto !

Le temps de faire de l'école, du pain, de jouer aux pinups et de lire un peu et Nous repartions quelques jours plus tard.

Notre second saut Nous a menés dans la baie de Memba. Nous ne sommes pas allés au fond de la baie pour ne pas avoir trop de chemin à faire pour en ressortir et avons jeté l'ancre dans la petite baie de Nangata. Nous avions repéré cet endroit comme pouvant Nous abriter pendant une nuit de la houle du large à défaut de pouvoir nous abriter du vent, le relief étant quasi nul.

Peu après notre arrivée un gros zodiac jaune s'est approché de Nous. Yannick, un des deux managers du Nuarro lodge situé sur la plage et dont nous ne soupçonnions pas l'existence venait à notre rencontre pour... savoir si Nous n'avions pas besoin de quelque chose ! Il Nous a expliqué, un peu plus tard, que cela faisait un an qu'il était là et que Longtemps était le premier bateau (autre qu'une boutre ou un barque de pêcheur) à venir là.

Là, c'est donc une petite baie dans la baie de Memba. Là c'est de l'eau transparente (sans méduse). Là c'est un petit plateau corallien avant grand tombant. Là c'est une plage de sable blanc, ni trop petite, ni trop grande. Là c'est un village tranquille et calme de pêcheurs qui promènent leur vaches sur...la plage

Même le lodge (qui abrite un centre de plongée offrant du Nitrox !) se fond dans la nature environnante et seuls les toits des bungalows tous construits selon les méthodes traditionnelles (bois et paille séchée), dépassent de la végétation. Un petit coin de paradis qui mérite le détour et où Longtemps et son équipage a su profiter de chaque instant puisqu'au lieu d'une nuit Nous y sommes restés trois jours.

Nous nous sommes offert une petite plongée bien sympathique qui a permis au TDCSJ d'avoir sa première étoile qu'il a ensuite fêté comme il se doit au bar du lodge. Cela a permis au Captain d'étrenner le compresseur pour regonfler les bouteilles.

Et puis, Quitterie y a pêché son premier poisson avec sa canne à pêche à elle !

Le concours de pêche était lancé... pour le plus grand bonheur des chats qui se sont régalés tant de la petite demoiselle (c'est le nom du poisson pêché par Quitterie) que de la découpe du thon pêché en repartant.

Après quoi, profitant d'une mer calme et d'une petite brise aidée d'un bon courant qui poussaient longtemps à 3 noeuds, les filles se sont littéralement jetées à l'eau jusqu'à ce que le vent forcisse et que cela tire un peu trop sur les bras !

Nous avions prévu un arrêt dans la baie de Ometola à peine plus au sud mais des conditions de mer et de vent bien agréables Nous ont permis de presque rejoindre Ilha. Nous y sommes arrivés le 10 décembre 2014 après une nuit à belle étoile dans la baie de Conducia pour une partie de l'équipage.

Ilha de Moçambique (en portugais dans le texte) est une très belle île dont l'histoire est une partie de l'Histoire. Évidemment, comme presque partout, il a fallu commencer par faire les quelques formalités locales, dont un laisser-passer normalement fait pour les marins des cargos. Le TCDSJ a failli piquer celui d'Eloïse !

L'île fait 3kms de long sur 500 mètres de large. La taille idéale pour une découverte à vélos. Notre guide, Sélémani, Nous a fait visiter Ilha en nous donnant toutes les explications utiles à l'abri de l'ombre des arbres ! Les maisons ne sont pas forcément attirantes vues depuis la rue, mais à l'intérieur, on découvre souvent de petites merveilles avec de grandes salles et de jolis jardins. Mais ce ne sont pas les mozambicains et encore moins ceux originaires d'Ilha qui sont propriétaires de ces maisons. Des étrangers les ont rachetées une bouchée de pain, heureusement pour en faire de belles choses.

Nous sommes également allés visiter le fort San Sébastien, au nord de l'île. Il a été construit par des esclaves des portugais pour défendre Ilha des attaques notamment hollandaises et anglaises du début de 16ème siècle. Il pouvait loger jusqu'à 2000 personnes et 75 canons le protègent (et Ilha avec). Il est un peu laissé à l'abandon. C'est dommage. L'aide internationale a néanmoins financé des travaux utilitaires puisque les toits du fort ont été refaits et peints pour réhabiliter le système de récupération d'eau qui se déverse dans deux immenses citernes qui servent aujourd'hui encore. Les habitants d'Ilha viennent se servir là quand il n'y a plus d'eau dans les autres puits en fin de saison sèche.

On comprend que ces travaux sont plus importants au quotidiens que ceux qui viseraient à rendre au fort un aspect plus authentique pour les touristes qui peuvent apprendre l'histoire d'Ilha au Musée de la ville. Il est très bien fait dans un ancien collège jésuite devenu le palais du gouverneur de l'île au 18ème siècle. Au rez-de-chaussée, on retrouve le musée de la mer qui abrite les quelques vestiges des épaves coulées autour d'Ilha au cours des siècles précédents. Le scandale vient du fait que l'exploitation de ces épaves a été cédée à une entreprise privée qui n'a pas laissé grand chose - et certainement pas tout ce qui était précieux - aux mozambicains. Mais là encore, avec peu, ce musée donne une bonne idée du trafic maritime dans la zone entre le 16ème et le 19ème siècle.

Pendant ce temps là, les chats continuent d'adopter des positions improbables...

Lundi 15 décembre 2014, Nous avons quitté Ilha. Le Captain à bord de Longtemps, direction Richards Bay en Afrique du Sud en solitaire. Les filles par la terre puis les airs direction Johannesburg pour qu'Eloïse et Quitterie puissent prendre l'avion vers la Réunion pour des vacances (oui, bon, d'accord, l'idée des vacances dans les vacances peut surprendre, mais n'oublions pas qu'elles travaillent leur CM2 elles !). Pour quitter Ilha et aller jusqu'à l'aéroport de Nampula, Uve, un allemand immigré au Mozambique il y a 18 ans et qui a ouvert un des premiers gîtes d'Ilha, nous a véhiculées sur les 180 kms de route qui commencent par le pont qui relie Ilha au continent et qui fait 3,5 kms (soit 500 mètres de long de plus que l'île !).

Pour finir, et en attendant la suite de nos aventures, comme promis dans le précédant message, vous trouverez ICI, les images des petites tortues faites par Eloïse et Quitterie, avec, en prime, un tour de magie !

Posté par PtiMouss à 17:17 - Commentaires […] - Permalien [#]

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