Mohéli, l'autre Baie des cochons

6 octobre 2014

Mohéli, l'autre Baie des cochons

Avant de partir pour de bon, nous avions décidé d'aller passer le week-end à Mohéli pour accompagner des amis qui devaient y faire une croisière plongée, cadeau pour les 30 ans de l'une d'entre elle notamment.

Je dis avions car nous ne l'avons pas fait, enfin, pas vraiment.

Comme prévu, nous avons appareillé de Mamoudzou jeudi 2 octobre, en même temps que le Mangabé, catamaran sur lequel se trouvaient nos amis. La bonne humeur et la joie d'un week-end prolongé et festif était de mise.

De conserve, Mangabé et Longtemps prenaient cap presque plein ouest pour rejoindre la petite île de Mohéli où l'arrivée était prévue en fin de matinée.

Après une traversée classique au cours de laquelle Ylang a appris à pêcher,

et avec quelques heures de retard sur le programme en raison d'un courant contraire sur la fin du trajet,et sous la pluie, c'est vers 14h que nous sommes arrivés à l'aplomb de Fomboni, la capitale, pour y faire les formalités administratives de rigueur.

Comme à chaque fois, les deux capitaines descendent à terre munis des passeports de chacun, de la crew list, de la clearence du départ et des sous pour payer les visas (et éventuellement un peu plus selon les pays et les situations. Il est, par exemple, bien connu, qu'à Nosy Be, on nous demande toujours de l'argent pour "la commissaire qui vise les passeports", une femme vu son titre, mais que nous n'avons jamais pu voir en vrai).

A son retour sur Longtemps, Jean-Philippe annonce que nous ne pouvons débarquer, les autorités ne nous le permettant pas. Le motif avancé est que nous n'avons pas prévenu assez tôt de notre arrivée. Comme nous avons prévenu par la VHF de notre arrivée dès que nous l'avons pu, cette explication nous a semblé un peu courte, d'autant qu'au mois de janvier, nous n'avions pas fait différemment et que tout s'était très bien passé. Mais "ce sont de nouvelles directives" et à la question de savoir comment nous, nous aurions pu connaître ces nouvelles directives locales, la réponse a été "ce sont les nouvelles directives"... Dont acte, comme dirait l'autre.

Du coup, nous remontons l'ancre de Longtemps et prenons la direction du large pour repartir de là où nous venions, c'est-à-dire Mayotte.

Mais alors que nous étions partis depuis à peine deux minutes, la VHF crache un "Longtemps, faites demi-tour, Mangabé, restez sur place".

Je vous passe nos tentatives de leur dire que puisqu'ils nous avaient demandé de retourner à Mayotte, nous obtempérions et que non, nous n'allions pas faire demi-tour / rester sur place, ce qui nous a valu un ultimatum et la sortie d'une barge (la orange présente sur la photo au dessus) qui nous a contraint au demi-tour.

Je vous passe l'arrivée d'une vedette avec des gendarmes, la PAF et la douane pour visiter d'abord Mangabé et demander à tous les passagers de descendre à terre, leur refus initial, puis leur acceptation, car le consul honoraire de France était là pour s'entretenir avec eux.

Je vous passe, le fait qu'à terre, le consul était bien là mais ceux qui voulaient s'entretenir avec les passagers étaient des gendarmes qui ont emmené nos amis "au poste" pour leur demander qui ils étaient, ce qu'ils faisaient, pourquoi ils étaient à Mohéli, depuis combien de temps ils avaient planifier le voyage, comment ils l'avaient planifier etc, etc...

Je vous passe la visite de notre bateau pour vérifier le contenu des placards et autres coffres.

Je vous passe le fait que Jean-Philippe a aussi du descendre pour répondre aux mêmes question, sous la menace de saisir notre bateau et de ne pas laisser les autres rentrer à leur bord.

Je vous passe les cinq heures à faire des ronds dans l'eau devant Fomboni dont le mouillage est inconfortable au possible.

Je vous passe qu'après tout ceci, tout le monde a été ramené à bord avec l'autorisation de partir, non sans que le consul honoraire a quand même dit à un passager qu'un arrangement pouvait être trouvé et que nous fassions notre séjour à Mohéli.

Je vous passe enfin que pour ramener tout le monde à bord, il y avait l'annexe de Mangabé et une vedette des autorités mohéliennes, en panne, qu'il a fallu tracter pour leur permettre de rentrer à terre. Comme quoi, nous n'avons pas été rancunier !

Je vous passe tout ça pour vous expliquer qu'en réalité, ils ont pensé que nous pouvions être des mercernaires et qu'alors que le président des Comores étaient là, en voyant deux bateaux de plongeurs arriver, ils ont paniqué et qu'au lieu de réaliser leur erreur et faire amende honorable, ils sont allés jusqu'au bout de leur zèle.

C'est d'autant plus dommage que nous avions donc 14 fois 50 euros à payer de visa qu'ils n'ont pas eu, que nous allions visiter les ilôts et villages du sud où nous aurions payé notre écot aux associations des villages que nous aurions visités et que ce n'est pas comme si les Comores étaient l'un des pays les plus pauvres du monde (http://www.tresor.economie.gouv.fr/7464_situation-et-conjoncture-economique) et Mohéli, l'île la plus pauvre des Comores.

Seul point positif de ces deux jours et une nuit, Longtemps va bien et son équipage est plus que jamais prêt à la navigation. Malgré une houle de travers bien présente, tout s'est bien déroulé à l'aller, comme au retour. Le vent nous a bien aidé et c'est toutes voiles dehors que nous avons fait notre retour dans le lagon mahorais, jusqu'au mouillage.

Une nuit de repos a suivi, bien méritée et bienvenue !

Du coup nous avons pu continuer, dès lundi, la préparation du bateau pour le départ qui est de plus en plus imminent ! Le voyage ne passera pas par Mohéli.

Mais tout ceci n'est que ma version des choses... Voici celle d'un "journaliste" local qui a eu ses infos on ne sait pas où mais qui nous a tous bien fait rigoler avec cet article !